Ce n’est clairement pas un non à l’Europe, car les français savent que leur avenir et leur position sur la scène internationale dépend en grande partie de l’Europe, d’une Europe forte. Contrairement aux affirmations et aux souhaits de Jacques Chirac, les pro-européens qui ont voté non étaient majoritaires, et les électeurs qui ont voté non étaient majoritairement pro-européens.
Les français n’ont pas choisi la solution de partir sur la base de ce traité pour tendre vers l’Europe sociale qu’ils souhaitent. Sans doute, sont-ils échaudés par ces nombreuses années pendant lesquelles l’Europe et la France n’ont pas évolué dans le sens qu’ils attendent.
La France s’est exprimée. Il est maintenant important et intéressant d’entendre la réaction de nos partenaires européens qu’ils aient déjà ou non ratifiés le traité, que ce soit par voie référendaire ou parlementaire. Au terme de ces référendum et consultations, un débat rassemblant tous les européens devra avoir lieu pour tenter d’établir une nouvelle constitution.
Mais qui va représenter la France ? Car si ce non est un coup de tonnerre européen, ce n’est pas loin d’être un séisme à l’échelle nationale. Jacques Chirac représente la France, mais il ne représente plus du tout les français et leurs opinions. Tel un autiste, il s’est évertué à poursuivre cette politique suicidaire. Élu à plus de 80% par des électeurs de gauche et de droite, il n’a pas voulu représenter l’ensemble de ses électeurs. Cette attitude irresponsable a inévitablement mené la France vers une crise politique majeure, alors même que les Français n’avaient déjà plus confiance en leur classe politique. C’est aujourd’hui un homme politiquement mort qui dirige notre pays.
Nombreux sont les hommes politiques à réclamer qu’il prenne ses responsabilités : certains, de gauche comme de droite, appellent à une démission ou à la dissolution de l’Assemblée Nationale. D’autres, dont des partenaires privilégiés comme l’UDF, réclament une refondation des institutions républicaines, et pas seulement un changement de gouvernement.
Il faudra, je le crains, se cantonner à un changement de gouvernement. Et encore, je ne suis absolument pas optimiste, et je le croirais quand je le vivrais. Jacques Chirac est bel et bien la quintessence de l’homme politique qui s’accroche au pouvoir et qui nuit à l’intérêt du pays… et de l’Europe.
L’Europe ne peut exister sans la France, mais la France ne peut exister sans l’Europe. Les semaines qui viennent promettent d’être très intéressantes, et intéresseront sans aucun doute tous les français. Car si c’est une défaite pour l’Europe (en tout cas pour l’Europe libérale), c’est une victoire pour la démocratie au vue de l’enthousiasme des débats et du scrutin, qui ont vu les français s’approprier leur destin, tout en s’éloignant une nouvelle fois de leurs responsables politiques, présents au gouvernement ou non.