Il serait imprudent de trop s’avancer, mais les scientifiques sont face à un miracle. Andrew Fire et Craig Mello, les Prix Nobel de la médecine 2006 ont sans doute contribué à une découverte extraordinaire : les ARN interférents (mais vous pouvez les appeler de leur petit nom, les ARNi). Les scientifiques ont peut-être trouvé l’arme fatale contre le SIDA, le Cancer, Parkinson ainsi que le diabète. Histoire de nous achever, ça marche aussi pour lutter contre la faim dans le monde.
Comme souvent, tout a commencé de façon fortuite. C’est en 1990 que l’équipe de Richard Jorgensen a fait une mystérieuse découverte en manipulant génétiquement des pétunias afin de renforcer la coloration pourpre de ces fleurs. Ils sont arrivés au résultat inverse : la couleur disparaissait. Le mystère a été partiellement résolu 7 ans plus tard par l’équipe de David Baulcombe lors d’expérimentations de plants de tabac avec des virus mutants. Ils ont démasqué le coupable : l’ARN (et non l’ADN, son “grand frère”). En 1998, Andrew Fire et Craig Mello, futurs Prix Nobel, démontrent que ce mécanisme n’est pas réservé aux plantes : cela marche chez les animaux.
Tous les êtres vivants évolués contiennent ces molécules. Et dans la famille des ARN, ce sont les ARN interférents qui intéressent au plus haut point les scientifiques. Car l’ARNi a un pouvoir énorme : il peut tuer les gènes indésirables, notamment ceux des virus qui nous gâchent la vie. Il agit en fait comme un système immunitaire mais au niveau cellulaire, du moins dans le cas des plantes et des invertébrés. Car il semblerait toutefois que ce mécanisme ait été désactivé chez les vertébrés, supplanté par notre système immunitaire.
Le processus consisterait donc à injecter des médicaments porteurs d’ARNi ciblant des gênes déficients pour terrasser tout type de maladie virale (SIDA, hépatites, diabète, Parkinson, …) ainsi que les maladies cancéreuses (tumeurs et métastases), mais aussi le Cholestérol, la grippe aviaire… Très prochainement, des tests sur des patients atteints du SIDA seront effectués. D’ici 2009, les premiers médicaments devraient sortir, le premier médicament étant sans doute un collyre luttant contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Le géant pharmaceutique Merck travaille même sur une crème à base d’ARNi pour offrir une épilation intégrale.
Et pour couronner le tout, des américains veulent rendre comestible le coton. Nous produisons en effet 44 millions de tonnes de graines de coton chaque année, et si elles étaient comestibles, elles pourraient nourrir quelques 500 millions de personnes dans le monde. Grâce aux ARNi interférents, il est possible de rendre ces graines comestibles en désactivant la production de gossypol, le pigment toxique qui nous interdit la consommation de ces graines. Elles sont riches en protéines et, parait-il, aussi bonnes que des pois chiches.
Cela fait beaucoup de nouvelles d’un seul coup, mais ce sont bien des miracles que nous offre la révolution des ARNi. Espérons que nos scientifiques réussissent à tenir leurs promesses, mais n’oublions pas non plus le jeune âge de la science génique, et les nombreuses désillusions qui illustrent l’histoire de la Science.